Que ce soit à l’école, par votre famille, via des documentaires télévisés ou bien à travers vos lectures, vous avez forcément entendu parler de la douloureuse histoire du Vietnam. Entre occupations étrangères et guerres meurtrières, le Vietnam est chargé d’un passé historique lourd, qui émeut autant qu’il interpelle. C’est aussi pour cela que des millions de voyageurs se rendent au Vietnam chaque année, afin de mieux comprendre son histoire et de visiter les lieux « de mémoire » qui l’ont marquée.
Ces visites peuvent être inclues dans un circuit « classique » ou bien, pour les passionnés d’histoire, faire l’objet d’un circuit historique entièrement dédié au tourisme de mémoire.
Une Histoire à partager
Le Vietnam a fait le choix de partager avec ses voyageurs tout ce que le pays a pu traverser, des épisodes les plus glorieux aux plus sombres de son histoire.
A travers des « lieux de mémoire » où la guerre a connu son apogée, mais aussi à travers des récits humains, contés par des vétérans aux histoires incroyables, qui vous plongeront des décennies en arrière et vous feront revivre avec émotion l’Histoire dans sa plus cruelle réalité.
Vous découvrirez ainsi, au-delà de l’horreur de la guerre, l’ingéniosité dont les vietnamiens ont fait preuve face à leurs adversaires, les différentes stratégies militaires adoptées et les conséquences de ces conflits sur le peuple vietnamien.
Retour sur la Guerre d'Indochine
La (première) guerre d’Indochine est un conflit armé qui opposa l'armée française et le Viêt Minh entre 1946 et 1954 sur le territoire indochinois (Laos, Vietnam et Cambodge actuels) et fit plus de 500 000 victimes. Les Accords de Genève qui signèrent la fin de la guerre aboutirent au démantèlement de l’Indochine française et à la partition du territoire vietnamien en deux entités distinctes : la République démocratique du Vietnam d’Ho Chi Minh au Nord ; l’Etat de Bao Dai au Sud. Une scission qui précipitera le pays dans une nouvelle guerre encore plus meurtrière : la Guerre du Vietnam.
Pour en apprendre davantage sur ce pan de l’histoire, rendez-vous sur ces fameux « lieux de mémoire » qui jalonnent le pays pour rappeler cette sombre période de l’histoire et honorer la mémoire de ceux qui se sont battus pour l’indépendance du pays. Plus que de chercher à dénoncer, ces lieux chargés d’histoire et d’émotions visent à éveiller les consciences pour que plus jamais de tels drames ne se reproduisent.
La visite de ces lieux de guerre emblématiques vous permettra de rencontrer des spécialistes passionnés de cette période de l’histoire et d’appréhender le pays différemment, tout en profitant de ses magnifiques paysages.
Les principaux lieux de mémoire de la Guerre d'Indochine
La Route Nationale 6
La mythique Route Nationale 6 qui relie Hanoï aux provinces du Nord-Ouest sur près de 500 km traverse les lieux témoins des grandes batailles de la guerre d’Indochine, notamment les provinces de Hoa Binh et Diên Biên. Tout le long du delta du fleuve rouge, on peut encore apercevoir les bunkers de combat qui bordent la route.
Hoa Binh
Située sur les rives de la Rivière Noire, cette petite ville du Nord du Vietnam est célèbre pour avoir accueilli la bataille du même nom opposant les forces de l’Union française sous le commandement de De Lattre de Tassigny aux troupes Viêtminh du général Nguyên Giap entre novembre 1951 et février 1952. Malgré son incroyable ingéniosité, le général Giap ne put empêcher la victoire française.
Diên Biên Phu
Cette petite ville du haut Tonkin et sa plaine environnante furent le théâtre de l’ultime âpre bataille qui opposa les forces françaises du colonel de Castries aux troupes Viêt Minh du général Giap entre novembre 1953 et mai 1954, et sonna la fin de l’occupation française.
La bataille de Diên Biên Phu fut la plus longue et l’une des plus meurtrières de l’après seconde guerre mondiale. Au total, plus de 8 000 soldats vietnamiens et 2 200 français périrent au combat. Après le cessez-le-feu, quelques 11 000 soldats français furent emprisonnés, 3 000 rendus à la France dans un état sanitaire préoccupant et plus de 3 000 furent portés disparus.
Si Diên Biên Phu n’est pas une destination touristique à proprement parlé, elle reste une destination incontournable et d’une grande charge émotionnelle pour tous les amateurs d’histoire, qui s’intéressent plus particulièrement à la période de la colonisation française au Vietnam.
Entre autres vestiges de la célèbre bataille, vous pourrez découvrir la fameuse cuvette de Diên Biên Phu, longue de 18 km sur 4 km de large, qui accueillit les souffrances des deux camps. Choisie par le Général Henri Navarre pour en faire un camp retranché et "fixer" les Vietminh du Général Giap, elle conserve encore de nombreuses traces du passé, notamment les points stratégiques de la bataille que furent les célèbres collines au nombre de 9, baptisées de prénoms de femmes par les militaires Français ; la plus connue étant la colline Eliane 1, la dernière à être tombée le 06 mai 1954.
La grande majorité des vestiges vietnamiens se trouvent dans la forêt montagneuse qui entoure la ville. Plus faciles d'accès, les bunkers français situés aux abords de la ville, qui abritaient plus de 15 000 hommes, constituent une visite intéressante. Quoique la nature ait partiellement repris ses droits, on peut encore y voir d’impressionnantes tranchées, et admirer le beau panorama sur la ville et les montagnes environnantes. À environ 200 mètres du bunker du colonel De Castries se trouve le seul mémorial français dédié aux soldats morts au combat.
Si la ville elle-même ne porte pas les stigmates de la guerre, et pour cause, elle a été construite après cette dernière, elle abrite néanmoins un musée entièrement dédié à la guerre d’Indochine ainsi qu'un vaste cimetière militaire consacré aux victimes de la bataille de Diên Biên Phu.
En dehors de ces sites historiques, la vallée de Diên Biên abrite des paysages pittoresques et est réputée pour la grande générosité de ses habitants. Flâner sur le marché de Diên Biên Phu vous permettra de rencontrer les minorités ethniques de la région, à savoir principalement les Dzao Vert, Rouge et les Thaïs Noir.
Lai Chau (ou Muong Lay)
Ne vous laissez pas tromper par ses belles plantations de thé et ses montagnes verdoyantes, la province de Lai Chau fut également le théâtre de nombreuses batailles marquées par l’utilisation d’armes lourdes (pour la première fois) par le Vietminh. Cette vaste province montagneuse bordée au Sud par le Laos et au Nord par la Chine constituait alors le bastion Français du Nord-Ouest du Vietnam.
Depuis 2004 la province a été scindée en deux, séparant Diên Biên au Sud de Lai Châu au Nord. La ville même de Lai Châu a disparu sous le lac formé par le plus grand barrage hydroélectrique du Viêt Nam avant d’être reconstruite sous le nom de Muong Lay.
Quoiqu’emblématiques, ces sites ne représentent qu’une infime partie des lieux témoins de la Guerre d’Indochine. Pour approfondir votre connaissance de la période, n’hésitez pas à visiter les nombreux musées consacrés aux guerres de Vietnam et à vous rendre sur les lieux de mémoire de LA Guerre du Vietnam.
Les principaux lieux de mémoire de la Guerre du Vietnam
Aussi appelée la « deuxième guerre d’Indochine », la Guerre du Vietnam qui éclata peu après la fin de la « première guerre d’Indochine » reste également gravée dans les mémoires. D’une durée et d’une violence inédites - près de 20 ans d’âpres et meurtriers combats – cette nouvelle guerre opposant l'Armée de libération Vietnamienne à l’armée américaine et aux forces du Sud conduisit à un véritable massacre dans les deux camps. Le bilan des pertes cependant fut beaucoup plus lourd côté vietnamien. Près de deux millions de vietnamiens (soldats et civils confondus) périrent en effet dans ce conflit sans précédent.
Voici quelques-uns des lieux témoins de cette guerre à visiter en complément des nombreux musées consacrés à cette douloureuse période de l’histoire pour mieux en comprendre les tenants et les aboutissants.
Le Palais de la réunification à Ho Chi Minh Ville
Le Palais de la réunification, autrefois connu sous le nom de palais de l'indépendance (ou Hoi Truong Nhat), est un lieu chargé d’histoire dont le bâtiment conçu par l'architecte Ngô Viet Thu en 1955 fut longtemps utilisé comme résidence officielle des présidents du Sud Viêt Nam. En partie détruit durant la guerre du Vietnam, il fut classé monument historique en 1976 et abrite aujourd’hui un beau musée dont certaines salles sont restées inchangées.
Le drapeau du Front national de libération du Sud Viêt Nam y fut hissé par un soldat le jour de la chute de Saigon, faisant du palais présidentiel le symbole de la réunification.
Les tunnels de Cu Chi
Situés à environ 70 km d’Ho Chi Minh Ville, les tunnels de Cu Chi sont un réseau complexe et ingénieux de plus de 200 km de souterrains creusés à la main par les Viet Cong durant la guerre pour pouvoir se déplacer plus rapidement sans se faire voir des forces ennemies. Les tunnels de Cu Chi abritaient non seulement des milliers de guérilleros, mais aussi des tranchées, bunkers, pièges et abris anti-bombes.
Couplée à la visite du Musée des vestiges de la guerre, cette excursion constitue un excellent cours d’histoire sur la Guerre du Vietnam.
La citadelle de Quang Tri
Située sur les rives de la rivière Thach Han, la citadelle de Quang Tri est un autre vestige chargé d’histoire, connu pour avoir été le siège d’une bataille meurtrière en 1972, laquelle dura 81 jours, opposant les forces armées du Sud Vietnam et des États-Unis à l’armée de libération du Nord.
Sur la route menant à Quang Tri, ne manquez pas le pont Hien Luong qui enjambe la rivière Ben Hai, ancienne frontière entre le Nord et le Sud Vietnam (17ème Parallèle), puis aventurez-vous dans les Tunnels de Vinh Moc, véritable ville souterraine au Nord de la Zone démilitarisée.
La base de combat de Khe Sanh
Située dans le nord du Sud Viêt Nam, à une centaine de kilomètres de Hué, la base américaine de Khe San fut le siège d’une autre bataille de la guerre du Vietnam qui se déroula pendant la fameuse offensive du têt en janvier 1968. Elle dura 77 jours et se solda par la victoire de l’armée américaine. Un musée consacré à cette bataille y est aujourd’hui abrité.
Votre route pour Khe Sanh vous fera passer à proximité du "Rockpile", un rocher karstique isolé affleurant au nord de la Route historique 9, qui servit de poste d'observation à l'armée américaine. Plus loin, vous pourrez visiter Hamburger Hill (du nom de la fameuse bataille qui s'y déroula en 1969), ainsi que la base de combat de la bataille de "Fire Support Base Ripcord".
Le village de Son My
Non loin, le village de Son My est tristement réputé pour le massacre de civils perpétré par des soldats de l'armée américaine, qui décima le hameau de My Lai le 16 mars 1968.
Vous pouvez visiter le Mémorial de Sơn Mỹ, un musée et un lieu de mémoire consacré à cette journée la plus noire de la guerre du Viêt Nam, puis rencontrer certains des habitants qui ont survécu au massacre.
Buôn Ma Thuôt
La capitale de la province du Dak Lak, dans les hauts plateaux du Centre, est le dernier lieu d’assaut par l’Armée populaire vietnamienne. La bataille de Buôn Ma thuôt marque ainsi le début de l’Offensive du Printemps en 1975 et signe la chute de Saigon le 30 avril.
Nous vous recommandons vivement d'effectuer ces visites accompagné d'un guide spécialisé et de les compléter par des rencontres et des échanges avec des vétérans et/ou des survivants de la guerre.
Avis aux amateurs de tourisme de mémoire, nous pouvons vous organiser un circuit entièrement dédié à la découverte des vestiges de la Guerre du Vietnam.
Pour en savoir plus, découvrez notre sélection de voyages culturels et historiques au Vietnam.
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