Les vestiges de l'Indochine française à visiter au Vietnam

Le Nord du Vietnam abrite un grand nombre de ces lieux historiques mémorables de l’Indochine française.

Hanoï en concentre une grande partie, aujourd'hui intégrés dans l’architecture éclectique de la ville. Des monuments emblématiques comme le mausolée de Ho Chi Minh côtoient ainsi de belles demeures coloniales et de parfaites répliques d’édifices français, comme la Cathédrale Saint Joseph ou l’Opéra construit sur le modèle de l’Opéra Garnier de Paris, l’un des plus fidèles témoins de l’Indochine française au Vietnam.

Des vestiges moins glorieux rappellent hélas les épisodes plus sombres de la période coloniale, comme la "bataille de Hanoï", qui s’est déroulée pendant la première guerre d’Indochine. Ils sont réunis sous forme de photographies, d’armes, d’insignes, etc… au musée de l’histoire militaire du Vietnam.

Dans les rues mêmes d’Hanoï ont été érigés des lieux et monuments symboliques pour commémorer la guerre d’Indochine, comme la statue « Hanoï en hiver » qui trône à l’entrée du Marché Dong Xuan, construit par l’administration française en 1889.

La prison de Hoa Lo aussi appelée « Maison Centrale », fait également partie de ces lieux mémorables de la première et de la deuxième guerre d’Indochine. Dans cette « fournaise » étaient entassés plus de 2000 prisonniers en 1954. Il est aujourd’hui possible d’en visiter les couloirs et les cellules afin de prendre la mesure des conditions inhumaines dans lesquelles étaient détenus les prisonniers pendant la guerre d’Indochine.

Située dans le Nord-Ouest du pays, non loin de la frontière avec le Laos, la ville de Diên Biên Phu est elle aussi chargée d’histoire. Elle fut en effet le théâtre de la célèbre bataille* qui précipita la fin de l’Indochine française et enclencha le processus de décolonisation dans toute l’Asie du Sud-Est, et au-delà. A ce titre, elle constitue l’un des vestiges les plus importants de la guerre d’Indochine, et une destination incontournable pour les amateurs d’histoire qui s’intéressent à la colonisation française au Vietnam.

*On estime à près de 8 000 le nombre de combattants Vietminh tués au cours de la bataille, et à près de 2300 le nombre de soldats français.

L’ensemble des vestiges historiques de la bataille de Diên Biên Phu, situés pour la plupart dans le centre de la ville, est aujourd’hui distingué comme « site national spécial ». Parmi les principaux sites répertoriés, sont intéressants à visiter :

• La colline A1 (ou Eliane 2 pour les Français), qui fut le théâtre des affrontements les plus meurtriers entre l'armée vietnamienne et les troupes françaises. Accessible via une série de tunnels, elle dévoile encore ses tranchées et un énorme cratère d’obus.

• A proximité se trouve le cimetière militaire vietnamien, dans lequel les familles des défunts continuent à venir se recueillir.

• Situé juste en face, le Musée de la guerre rassemble plus de 1000 objets, photos, documents et sculptures retraçant l’histoire de la célèbre bataille et des années de colonialisme français.

• A une dizaine de kilomètres à l’Est se trouve le poste de commandement de Charles de la Croix De Castries, à côté duquel fut dressé le drapeau de la capitulation le 7 mai 1954. On y trouve encore quelques pièces d’artillerie et, à 300 mètres environ, un modeste monument aux morts érigé à l'initiative personnelle d'un légionnaire pour rendre hommage aux soldats français.

• A pied, empruntez l’ingénieux Pont Bailey (ou Muong Thanh) qui enjambe le fleuve Nâm Rôn pour vous rendre au marché haut en couleurs de Diên Biên Phu.

Si Diên Biên Phu est restée très fortement marquée par les évènements historiques qui l’ont façonnée, elle est aujourd’hui une ville paisible nichée au cœur du pays Thaï, dans la belle vallée rizicole de Muong Thanh, entourée de montagnes et de collines portant le nom des maîtresses du commandant de Castries, à savoir : Gabrielle, Béatrice, Anne-Marie, Eliane, Huguette et Claudine. De belles promenades en perspective...

Situé à une centaine de kilomètres à l’est d’Hanoï, le port maritime le plus important du Nord-Vietnam est l’un des lieux qui a le plus subi les bombardements des troupes françaises en 1946. Depuis, bon nombre des édifices détruits pendant la guerre d’Indochine ont été reconstruits – il subsiste notamment quelques beaux vestiges architecturaux de la période coloniale - et les chantiers navals ont été modernisés, si bien qu’Haiphong est devenue une agréable ville portuaire, peu fréquentée des touristes, qui a de ce fait préservé son authenticité.

Cette province de l’extrême Nord-Est du Vietnam, frontalière avec la Chine, est également un lieu mémorable de la guerre d’Indochine. Elle abrite notamment la célèbre grotte de Coc Bo, depuis laquelle le président Ho Chi Minh a déclenché l'insurrection.

La province est aussi connue pour avoir été le théâtre d’une âpre bataille sur la Route Coloniale 4 (RC4) en 1950. Jadis empruntée pour approvisionner la base de l’armée française, elle accueillit alors une série d’embuscades dirigées par les soldats vietnamiens contre les français.

Ces vestiges historiques ajoutent à la valeur patrimoniale de Cao Bang, qui est par ailleurs une province paisible et verdoyante, parcourue de ruisseaux et de chemins ruraux, pour le plus grand bonheur des amateurs de trek et de randonnées hors des sentiers battus.

Particulièrement bien conservée, la Vieille ville de Hoi An, située au centre du Vietnam et inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO, est un modèle réussi d’assemblage des différentes cultures et influences qu’elle a traversées, dont l’influence coloniale française, qui se reflète aussi bien dans son architecture que dans l’atmosphère générale de la ville aux célèbres lanternes en papier. Ainsi les riches maisons vietnamiennes et les temples chinois côtoient-ils de beaux édifices coloniaux français, souvent très colorés, ajoutant à la magie du lieu.

Le Sud du Vietnam abrite également de nombreux vestiges de la période coloniale.

Sous influence française pendant près de 95 ans, l’ancienne Saigon en concentre une grande partie, dont la plupart ont été très bien conservés et sont encore utilisés de nos jours. Il suffit d’arpenter la très chic « rue Catinat » sous l’Indochine française (renommée rue Dong Khoi depuis) pour le constater. Elle abrite en effet les principaux édifices coloniaux, souvent calqués sur les originaux français, notamment la superbe Poste Centrale, édifiée sous la conduite de Gustave Eiffel, la Cathédrale Notre-Dame, l’Opéra, le célèbre Hôtel Continental, l’hôtel de ville… A proximité se trouve également la bien nommée « rue des livres », une jolie rue piétonne hébergeant de petites librairies et des kiosques à livres d’occasion rappelant les bouquinistes parisiens.

Les amateurs d’histoire trouveront dans les trois principaux musées de la ville (le Musée des vestiges de la guerre, le Musée de Ho Chi Minh Ville et le Musée d’Histoire du Vietnam) de quoi parfaire leur connaissance de cette sombre période de l’histoire du Vietnam.

Autre témoin plus « réjouissant » de l’Indochine française, le fameux marché couvert de Ben Thanh, reconnaissable à son architecture typique en forme de gare, dont l’entrée est surmontée d’une imposante horloge. Au-delà de sa fonction marchande, Ben Thanh est devenu le véritable symbole de la ville, un mélange réussi entre le Saigon colonial et le Ho Chi Minh ville d’aujourd’hui ; une ville bouillonnante, dynamique et attractive!

Cette charmante petite ville de montagne située dans l’intérieur des terres du Sud-Vietnam, entre les stations balnéaires de Nha Trang et Mui Ne, a été construite par les français au début du 20ème siècle. Les nombreux vestiges du patrimoine colonial français qu’elle abrite lui ont valu d’être surnommée le « Petit Paris » ou encore la « ville des amoureux ». Les soldats français sous l’Indochine française venaient s’y ressourcer après avoir combattu sous la chaleur du Sud.

Dalat possède ainsi des bâtiments dont l’architecture rappelle celle de célèbres édifices français, comme la gare de Dalat, exacte réplique de celle de Deauville, ou encore la Cathédrale Saint-Nicolas, une cathédrale catholique construite dans un style très éclectique sur le modèle néo-roman. Le Palais d’été du roi Bao Dai, le dernier empereur du Vietnam, fait également partie du patrimoine architectural français et des sites les plus populaires de Dalat.

Dalat "la romantique" exerce aujourd’hui encore une importante attraction touristique, aussi bien auprès des Vietnamiens que des visiteurs étrangers. Ses chutes d'eau, ses lacs, ses prairies luxuriantes et ses vallées fleuries en font une destination idéale pour s’évader en couple ou en famille.

Terminez votre voyage historique dans l’extrême Sud-Est du pays, sur l’île paradisiaque de Con Dao ! Cet archipel de seize îles, aussi appelées Îles Poulo-Condore, perdues en pleine mer méridionale, à environ 230 kilomètres d’Ho Chi Minh Ville, est non seulement la destination idéale pour se détendre et jouer les Robinson Crusoé, à l’écart des sentiers touristiques, mais il possède en outre un important patrimoine culturel et historique.

L’île de Côn Son (la seule de l’archipel à être habitée) abrite en effet quelques douloureux vestiges du passé colonial du Vietnam, et notamment le bagne de Poulo Condor, érigé en 1862 et dans lequel décédèrent plus de 20 000 Vietnamiens dans d’atroces conditions jusqu’à sa fermeture en 1975. Seuls trois sites sont aujourd’hui accessibles aux visiteurs, dont la prison de Phu Hai, le principal site du bagne de Poulo-Condor, et le camp de Phu Tuong, construit en 1941 et où sont encore visibles les fameuses « cages à tigres » et les cellules très exiguës dans lesquelles les détenus étaient entassés et torturés.

Parmi les autres lieux mémorables de l’île, les sanctuaires de Phi Yen, le musée national de Côn Đảo, le cimetière Hang Duong et la tombe de la jeune activiste Vo Thi Sau, exécutée par les autorités françaises à l’âge de 19 ans, et aujourd’hui considérée comme une héroïne nationale.